Texte : Baroudeur Cycling
Région : Algarve / Type de voyage : Gravel en itinérance
Quand on pense à l’Algarve, on imagine les falaises dorées de Lagos, les plages à perte de vue, les oranges gorgées de soleil. Mais il existe une autre Algarve. Celle que l’on atteint par les crêtes, les chemins de pierre, les sentiers oubliés. Celle que l’on ressent, plus qu’on ne la regarde. C’est cette Algarve-là que le gravel permet d’explorer. En profondeur. En silence. En cinq jours, on peut la traverser.
Il n’y a pas de ligne officielle pour traverser l’Algarve à vélo. Et tant mieux. Ici, c’est le terrain qui dicte le rythme. L’équipe Baroudeur a tissé un fil entre les montagnes du nord et les falaises de l’ouest, en cherchant chaque fois le chemin qui sonne juste. Ce fil, c’est un enchaînement de vallées, de monotraces, de pistes rouges, de villages blancs, de montées oubliées et de descentes imprévues.
Le départ se fait souvent autour de Loulé ou Silves — selon la météo, l’envie, les jambes. L’arrivée, elle, peut se lire dans les embruns de l’Atlantique, quelque part entre Odeceixe et Sagres. Ce qui compte, ce n’est pas la destination : c’est ce qui relie les étapes.
Rouler dans l’intérieur de l’Algarve, c’est épouser un relief accidenté, parfois exigeant, souvent joueur. On traverse des forêts d’eucalyptus où l’air sent le miel, on croise des troupeaux, des petits cafés d’un autre temps, des silences presque intacts. La côte Vicentine, elle, vient trancher avec brutalité. Là, les falaises coupent l’horizon, et les chemins flirtent avec le vertige. Mais on y dort bien. On y mange des poissons entiers, grillés au feu de bois. Et au matin, on repart.
Ce format de cinq jours permet de s’immerger sans s’épuiser. Assez long pour changer de monde. Assez court pour rester intense. On roule en moyenne 60 à 80 km par jour, avec du dénivelé mais surtout du caractère. Chaque étape a sa propre couleur. Certaines montent droit dans la montagne. D’autres serpentent entre les figuiers et les oliveraies. Une ou deux longent la mer, mais toujours à distance respectueuse.
L’automne et le printemps sont des saisons idéales : lumières douces, température parfaite, terrain sec. L’hiver est plus risqué côté météo, mais les paysages y sont incroyablement calmes. L’été, mieux vaut éviter sauf si l’on est très matinal. Ou très habitué à la chaleur.
Ce voyage s’adresse aux cyclistes qui veulent du vrai gravel : des chemins, du silence, de la sueur, un peu d’inconnu. Il n’est pas réservé aux experts, mais il demande un bon coup de pédale, et surtout l’envie de s’immerger. L’assistance peut exister — ou non. L’important, c’est la trace, et ce qu’elle ouvre à chaque coup de roue.
À la fin du tour, quelque part entre les falaises de Carrapateira et les vallées de Monchique, il reste une sensation. Celle d’avoir vu un autre Portugal. Plus brut. Plus silencieux. Plus vrai.
Et c’est pour ça qu’on reviendra.